Chapter

Une non-philosophie de la creation

Une philosophie de la creation

EXCERPT

Prisons ou remparts, graffités ou interdits de graffiti, les murs sont enjeu d’écriture, de pensée et pas seulement de liberté. Des premières législations royales aux tags contemporains en passant par les prisonniers de tous les temps, les murs auront été le grand support de l’écriture politique. Tables ou colonnes, écorce ou papyrus, pierre de Rosette ou béton new-yorkais, temples, ateliers d’artiste ou murs urbains, sont les conditions d’existence empirique de la pensée et de la littérature, de leur naissance multiple. L’une des découvertes du 20e siècle – découverte théorique, c’est que la littérature ne s’écrit pas nécessairement extra- ou intra-muros, mais apud muros, à même un mur infini, à la fois anguleux et tout droit: un mur fractalisé et pas seulement topologique. Tout artiste, fractal ou non, tient du proto-législateur et du dernier créateur qui entend laisser un testament. Aux objets fractals typiques les plus connus: la mer, ses vagues, ses nuages, ses turbulences, ses « côtes-de-Bretagne », il faudra désormais ajouter les murs: leur aspect ruiné, fendillé, écaillé, anguleux – de nouvelles possibilités murales et lapidaires, un « grain » génétique. Là aussi de la pensée peut s’écrire, de la pensée « fractale » et pas seulement de la peinture, des phonèmes et pas seulement des pictèmes. Il n’y a pas seulement un devenir-graffiti ou un devenir-tag des murs, ni même un devenir-mur ou tag de l’écriture, mais une expérience fractale de la pensée en fonction du grain du support…